Tuesday, August 13, 2013
Parachat Ki Tétsé – Exploiter au maximum ses qualités
« Un Ammonite et un Moabite n’entreront pas dans l’assemblée de Hachem. Même après la dixième génération, ils en seront exclus à perpétuité. Parce qu’ils ne vous ont pas offert le pain et l’eau à votre passage, lors de votre sortie d’Égypte, et parce qu’il a employé contre toi Bilam ben Beor, de Pethor, Aram Naaraïm, pour te maudire. »
La Thora nous informe que Ammon et Moav sont les seuls peuples qui n’ont pas le droit, et ce, à perpétuité, de s’apparenter au peuple juif et elle nous donne deux raisons pour expliquer cette discipline sévère ; tout d’abord, ils ne se sont pas montrés hospitaliers vis-à-vis du peuple juif dans le désert. De plus, ils ont loué les services de Bilam pour maudire les Bné Israël.
Les commentateurs demandent comment la Thora peut mettre en parallèle le manque d’hospitalité et le fait d’avoir fait appel à Bilam pour maudire notre peuple ; la volonté de maudire est certainement une faute bien plus grave que le manque de ‘hessed !
Le Béérot Its’hak explique que la Thora considère le fait de ne pas avoir proposé de pain et d’eau comme un acte atroce de la part d’Amon et de Moav , parce qu’ils avaient hérité d’une tendance naturelle à l’hospitalité de Loth, leur ancêtre. Ce dernier, en dépit de ses défauts, est présenté comme une personne très accueillante, compte tenu de ses efforts pour accomplir la mitsva d’akhnassat orkhim à Sodome. Il était prêt à se mettre en danger de mort pour subvenir aux besoins des voyageurs.
En tant que descendants de Loth, Ammon et Moav avaient hérité de cette même mida, mais ils agirent délibérément contre leur nature et refusèrent de donner du pain et de l’eau au peuple juif qui voyageait dans le désert et avait sûrement besoin de ces denrées de base.
De manière objective, le fait de louer les services de Bilam pour maudire les Juifs est un acte plus grave. Mais compte tenu de leur niveau de be’hira, leur refus d’aider les Juifs fut traité avec autant de rigueur et les exposa à cette sanction particulièrement stricte.
Nous pouvons tirer plusieurs leçons de cet épisode. Tout d’abord, nous apprenons qu’une personne est jugée d’après sa propre nékoudat habe’hira (le niveau où se situe son libre arbitre) et que son comportement est évalué avec plus de sévérité dans les domaines où il excelle. Ainsi, exploiter ses points forts doit être une partie essentielle du travail sur soi.
Dans cet ordre d’idées, l’exemple d’Ammon et de Moav est particulièrement éloquent ; en effet, pourquoi est-ce précisément à ce propos qu’ils trébuchèrent, alors qu’ils y excellaient de façon naturelle ? En réalité, leur bonne mida de hakhnassat orkhim ne provenait pas d’un travail sur soi. C’était une qualité innée qu’ils avaient héritée de leur ancêtre.
Étant donné que leur akhnassat orkhim n’était pas dirigée par les lignes de conduite de la Thora, il était presque inévitable qu’elle soit mal employée ou parfois pas employée du tout. Quand Ammon et Moav virent le peuple juif arriver, leur nature aurait certainement pu les pousser à leur proposer du pain et de l’eau, or leur haine et leur crainte du Klal Israël prirent le dessus sur leur mida de ‘hessed et les empêchèrent de fournir cette aide vitale.
Nous en déduisons qu’une personne qui ne travaille pas sur ses qualités et ne les canalise pas selon les exigences de la Thora, en viendra à mal les utiliser, ou à ne pas les exploiter de manière optimale. Par exemple, une personne peut être sociable de nature, et refuser néanmoins de se lier d’amitié avec quelqu’un quand elle est fatiguée. Dans ce cas, sa mida innée n’est pas assez forte pour la mener vers la bonne voie, parce qu’autre chose, en l’occurrence la fatigue, fait obstacle et rend son altruisme difficile. En revanche, si elle lutte pour être gentille parce que c’est une grande mitsva de montrer aux gens qu’ils sont importants, alors elle sera bien plus capable de surmonter sa fatigue et de faire les efforts nécessaires pour aborder l’autre.
On peut aussi apprendre de cet épisode qu’Ammon et Moav auraient pu atteindre de très hauts niveaux s’ils avaient utilisé leur mida de ‘hessed de façon optimale ; en effet, s’ils étaient sortis et avaient offert au peuple juif du pain et de l’eau, la Thora aurait très probablement pris en compte cet acte de générosité pour l’éternité et ils auraient, bien entendu, eu le droit de s’allier au peuple juif .
Mais, parce qu’ils n’employèrent pas leur force correctement, ils sont considérés avec le plus grand mépris. Nous en concluons qu’une personne peut accomplir de grandes choses en exploitant au mieux ses points forts et que le fait de s’en abstenir est sévèrement puni.
Le ‘Hafets ‘Haïm zatsal insiste sur ce sujet dans son séfer, ‘Homat HaDath, qui est une exhortation visant à protéger le Klal Israël des diverses influences laïques qui l’entourent. Il décrit longuement le besoin que chacun a d’utiliser pleinement son potentiel – par exemple, quelqu’un qui est doté d’une aisance à parler en public doit s’en servir pour discourir publiquement. Le même principe s’applique aux midot ; il est très probable que le tafkid d’une personne (son but dans la vie) exige l’utilisation maximale de ses bonnes midot.
Nous apprenons donc de Ammon et Moav ce que signifie NE PAS utiliser ses qualités – puissions-nous user de cet enseignement et profiter pleinement des bienfaits qu’Hachem nous prodigue.
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