Monday, September 9, 2013

Yom Kippour – Être honnête avec soi-même

L’un des passages clés de Yom Kippour est le texte émouvant de « Kol Nidré », par lequel nous entamons cette sainte journée. Les commentateurs notent qu’en réalité, « Kol Nidré » n’est pas du tout une prière, mais l’annulation de nos vœux. Celle-ci aurait pu se faire à tout autre moment. Pourquoi supprime-t-on nos vœux précisément au début de Yom Kippour ? ‘Hazal nous enseignent par là une leçon très importante. Yom Kippour est le jour où l’on est supposé procéder à une analyse approfondie de notre situation. Nous reconnaissons nos erreurs et nous nous engageons à les rectifier et à ne plus les répéter à l’avenir. Pour que cela soit efficace, l’individu doit s’efforcer d’être parfaitement honnête avec lui-même et éviter de se voiler la face (artifice répandu qui permet aux gens de s’éloigner de ce qu’ils savent être la vérité). Dans Kol Nidré, la personne met l’accent sur sa volonté de fuir la malhonnêteté des vœux irréfléchis. En ce faisant, elle reconnaît l’importance de l’intégrité et la nature préjudiciable de ce refus d’affronter la réalité. Ainsi, il est approprié de commencer le jour de la techouva en se remémorant l’importance d’être honnête avec Hachem et avec soi-même. Dans plusieurs cas, ‘Hazal démontrent que la mauvaise foi fut à l’origine d’avérot et de regrettables décisions à des carrefours pourtant capitaux. L’exemple de Loth est frappant. Il prit la décision de quitter Avraham Avinou pour vivre dans l’horrible ville de Sodom. Pourquoi choisit-il d’y aller ? La Thora nous informe que c’était pour des raisons financières – il vit que la terre de Sodom était adaptée à ses troupeaux. Cependant, Rachi cite ‘Hazal qui affirment que la réelle raison de son départ était l’immoralité de Sodom, et il voulait y assouvir son désir pour le zenout (la débauche). Si ‘Hazal disent que sa réelle motivation était le zenout, pourquoi la Thora nous affirme-t-elle qu’il y est allé pour des raisons financières ?! En apparence, Loth partit pour son gagne-pain, mais la raison sous-jacente et décisive était le zenout. La Thora nous fait part de l’aspect extérieur tandis que ‘Hazal nous révèlent la raison cachée, qui est ainsi cachée dans la Thora chébéal pé (la Thora orale). Mon rav, le rav Its’hak Berkovits chlita souligne que Loth lui-même pensait qu’il allait à Sodom pour l’argent. Il se mentit quant à la cause première de ce départ désastreux. C’est l’exemple type de la façon dont le yétser hara peut tromper quelqu’un concernant ses motivations, l’entraînant ainsi à fauter. Autre exemple, Chaoul HaMelekh. Chmouel Hanavi informa Chaoul du fait qu’Hachem voulait qu’il anéantisse tout le peuple d’Amalek. Inexplicablement, après sa bataille victorieuse, Chaoul laissa en vie le roi d’Amalek – Agag — ainsi que quelques animaux. C’est une déviation manifeste à la parole d’Hachem, et pourtant, quand Chaoul rencontra Chmouel, il lui annonça fièrement qu’il avait accompli la volonté d’Hachem. Il ne réalisa même pas qu’il avait clairement transgressé la parole d’Hachem et qu’il avait commis une faute terrible. Il se leurra à croire qu’il avait fait ce qu’Hachem lui avait demandé. Ces incidents nous montrent la force du yétser hara qui cherche à ce que l’on se mente à soi-même. En effet, toutes les fautes rapportées dans la Thora furent apparemment commises à cause des illusions que les gens se faisaient quant à leurs réelles motivations. C’est également le cas de la toute première faute, celle d’Adam Harichon. Les sefarim nous expliquent son raisonnement : en mangeant du fruit, il pourrait atteindre un plus haut niveau de libre arbitre. Mais, en son for intérieur, son but était de s’éloigner un peu d’Hachem et d’en être plus indépendant. Ce leurre risque de nous faire penser que nous n’avons pas besoin de faire techouva dans certains domaines. Un homme, à l’époque du Rambam, dit à ce dernier qu’il était certain de n’avoir pas commis les fautes rapportées dans le vidouï et que la récitation de ce texte serait alors un mensonge. Le Rambam lui répondit qu’il existe plusieurs degrés de transgression dans chaque avéra, et qu’à un certain niveau, il avait en réalité transgressé toutes les fautes énoncées dans le vidouï. De plus, le Rambam lui dit que le simple fait de prétendre n’avoir commis aucun péché présent dans le vidouï était en soi une faute. Ironiquement, cet homme se souciait du mensonge que constituerait la récitation du vidouï, mais en réalité, il se berçait d’illusions en pensant qu’il n’avait pas besoin de le dire ! Souvent, l’individu est inconscient de ses défauts. Il peut accuser les autres personnes ou légitimer ses failles par les circonstances extérieures, sans jamais blâmer sa propre conduite. Le jour de Kippour nous force à affronter la réalité. Puissions-nous mériter de revenir vers Hachem en toute sincérité.

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