Friday, January 10, 2014

Parachat Bechala’h – Prier par habitude – Le point de vue de Rachi

« Pharaon approchait ; les Bné Israël levèrent les yeux et voici que l’Égypte était à leur poursuite. Les Bné Israël furent pris d’effroi et crièrent vers Hachem. Ils dirent à Moché : "N’y avait-il pas suffisamment de tombeaux en Égypte pour que tu nous conduises dans le désert pour mourir ?" » (Chemot, 14:10-11) Rachi explique, sur les mots : « Ils crièrent » : Ils saisirent l’art de leurs pères ; concernant Avraham, il est dit : « À l’endroit où il se tenait », pour Its’hak, il est écrit : « Pour parler dans le champ » et au sujet de Yaacov, il est dit : « Il rencontra à l’endroit ». La Thora nous informe que lorsque le peuple juif vit avec horreur que l’armée égyptienne approchait, ils invoquèrent Hachem en criant. Rachi explique qu’ils crièrent selon la tradition des Avot (patriarches), ce qui semble être un acte louable, puisqu’ils apprirent de leurs éminents patriarches, le pouvoir de la prière. Cependant, dans le passouk (verset) qui suit, nous voyons qu’ils se plaignirent à Moché du fait qu’il les ait emmenés périr dans le désert. Leur réaction ne révélait donc pas du tout un niveau honorable. Comment un verset peut-il témoigner de leur vertu vis-à-vis de la prière, tandis que le passouk suivant souligne leur bassesse ?! Le Maharal n’interprète pas la réponse de Rachi selon son sens simple. Il écrit que Rachi ne voulait pas faire l’éloge du peuple juif parce qu’il avait suivi la voie des patriarches concernant la prière. Les Bné Israël ne supplièrent pas sincèrement Hachem, de la façon dont le faisaient les Tsadikim. Rachi nous dit plutôt qu’ils prièrent uniquement parce que leurs ancêtres avaient prié ; en d’autres mots, ils prièrent par habitude. C’est pourquoi, lorsque la Thora nous précise qu’ils invoquèrent Hachem, elle ne met pas en relief un niveau élevé. On comprend donc facilement pourquoi le passouk suivant nous informe qu’ils agirent de façon répréhensible. La réponse du Maharal dévoile une vérité troublante concernant la tefila. Il est bien facile de parcourir les textes de la prière machinalement – bien que regrettable, il est tout au moins compréhensible que le fait de lire la même prière des centaines de fois peut conduire une personne à prier mécaniquement. Étant donné que les textes sont établis et que l’individu n’a pas choisi de les dire, il est probable que sa prière sombre dans l’habitude s’il n’apprécie pas la signification des mots prononcés. Cependant, le Maharal fait référence à un autre genre de prière ; celle où l’on se tourne vers Hachem durant l’épreuve — il s’agit des moments de notre prière où l’on ajoute des demandes personnelles, outre les prières que l’on peut réciter à n’importe quel moment de la journée, en temps de besoin. Nous apprenons du Maharal que même ces invocations peuvent être affectées par la routine. Ainsi, une personne peut être dans une situation de détresse et prier uniquement parce qu’il en a pris l’habitude, mais ses mots restent vides, sans profondeur. Aussi, cela peut être le cas de quelqu’un qui ajoute régulièrement les mêmes demandes personnelles dans sa amida (prière contenant 19 bénédictions, qui forme le noyau central des trois prières journalières). Comment rectifier ce problème ? On peut évidemment étudier certains ouvrages traitant de l’importance de la prière qui est un moyen de se lier à Hachem. De plus, il convient de ne pas réciter les mêmes prières personnelles à chaque tefila. Par exemple, concernant les supplications pour la réussite des enfants, un rav conseilla de prier chaque jour pour un enfant différent, afin que les prières ne deviennent pas accoutumées. Nous avons évoqué un problème récurrent, celui de prier par habitude, même dans les situations difficiles ; la première étape pour s’améliorer dans ce domaine est de chercher comment évoluer — avec ce désir sincère, Hachem nous aidera certainement à atteindre notre objectif.

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