Wednesday, July 17, 2013

Parachat Vaét’hanan – Les deux Lou’hot

Les dix commandements [énoncés dans la Parachat Yitro] sont répétés dans la Parachat Vaét’hanan, avec quelques petites modifications. Le Mabit fait une observation intéressante concernant les deux Lou’hot sur lesquelles sont gravés les Commandements. ‘Hazal expliquent que chaque Loua’h est axé sur une catégorie différente de mitsvot : le premier Loua’h contient les Mitsvot relatives au ben adam laMakom (entre l’homme et D.), comme croire en D. ou respecter le Chabbat. Le deuxième Loua’h comporte les Mitsvot ayant trait au ben adam la’havéro (entre un homme et son prochain), telles que l’interdit de tuer, ou lo ta’hmod (l’interdiction de convoiter). Le Mabit note qu’il y a bien plus de mots dans le premier Loua’h que dans le second . On peut en déduire que l’espace consacré à chaque mot dans le premier Loua’h était moindre. Les mots du premier Loua’h étaient donc forcément écrits en caractères plus petits que ceux de l’autre Loua’h. Telle était la volonté de Hachem, poursuit le Mabit ; le côté portant sur les Mitsvot ben adam la’havéro devait être plus visible que celui centré sur le ben adam laMakom. Le Mabit en explique la raison : le yétser hara est plus actif quand il s’agit de ben adam la’havéro. Hachem voulait que les gens se concentrent plus sur les mitsvot relatives à autrui, car le fait de surmonter le yétser hara dans ce domaine demande un effort supplémentaire . Il semblerait que la guemara dans Baba Batra vienne appuyer l’analyse du Mabit . La guemara parle des diverses fautes que les gens transgressent. Elle nous dit qu’une minorité de personnes déroge à l’interdiction des arayot (relations interdites), une majorité enfreint l’interdit de guézel , et personne ne respecte les lois de avak lachon hara . Les relations interdites tombent généralement dans la catégorie de ben adam laMakom , tandis que le vol et le lachon hara entrent vraiment dans le domaine de ben adam la’havéro. Ainsi, la guemara nous fait savoir que les gens ont plus tendance à enfreindre des mitsvot liées au ben adam la’havéro. L’histoire suivante illustre bien ce point : on demanda à rav ‘Haïm Soloveitchik zatsal de vérifier la cacherout d’un animal. Il le jugea non-cacher, ce qui entraîna une perte importante au boucher concerné. Ce dernier accepta la décision sereinement. Quelques mois plus tard, le même boucher fut impliqué dans une affaire d’argent avec une autre personne, au sujet d’une somme bien moindre. Rav ‘Haïm trancha en sa défaveur. Cette fois, en revanche, le boucher s’énerva et s’en prit à rav ‘Haïm pour sa décision. Rav Sim’ha Zelig Reeger zatsal demanda à rav ‘Haïm pourquoi le boucher était resté calme quand il avait perdu une somme plus importante, alors qu’il s’était tellement emporté concernant une somme bien plus petite. Rav ‘Haïm expliqua que la deuxième fois, il avait « perdu » contre quelqu’un – c’est le fait qu’une autre personne ait « eu gain de cause » qui l’énerva autant. La question demeure ; pour quelle raison (ou quelles raisons) les gens ont-ils plus tendance à trébucher dans le domaine du ben adam la’havéro ? Nous pouvons suggérer la réponse suivante : le Gaon de Vilna zatsal écrit que les mitsvot comme les avérot découlent des différents traits de caractère de l’homme . Il est possible qu’une personne qui a un mauvais trait de caractère respecte tout de même plusieurs mitsvot. Par exemple, quelqu’un qui a un tempérament coléreux ne sera pas nécessairement gêné par ce défaut quant à son respect du Chabbat, de la cacherout, et de bien d’autres mitsvot relatives au ben adam laMakom. Par contre, cela peut porter atteinte à son ben adam la’havéro. Chaque fois qu’il lèvera la voix de manière inappropriée, il transgressera très probablement l’interdit de onaat devarim (paroles blessantes) et s’il crie sur quelqu’un devant de tierces personnes, il enfreindra la très grave faute d’humilier l’autre en public. Aussi, une personne qui a un ayin raa (qui se focalise sur l’aspect négatif des autres) sera tout à fait capable de prier trois fois par jour et d’étudier la Thora, mais il trébuchera très probablement dans le lachon hara ou dans le fait de juger son prochain favorablement. Évidemment, certaines midot rendront difficile l’observance de mitsvot ben adam laMakom, comme la paresse. Mais il est important de noter que de tels traits de caractère nuiront grandement au respect des mitsvot ben adam la’havéro. Par exemple, une personne paresseuse ne voudra pas aider son conjoint à effectuer des tâches domestiques, ce qui risque de porter préjudice à leur relation. La taava (le désir) aussi peut être la source de grandes failles dans le ben adam la’havéro. Par exemple, quelqu’un de très attaché à la nourriture réagira certainement de la plus mauvaise façon envers son conjoint si on lui sert un plat qu’il n’apprécie pas, commettant ainsi une transgression de onaat devarim. La leçon évidente à tirer du Mabit est qu’il faut s’investir particulièrement dans le ben adam la’havéro . Aussi, en vertu de l’explication du Gaon selon laquelle les mauvaises midot sont l’origine des défaillances dans ce domaine, il est primordial de travailler sur les traits de caractère tels que la colère, la jalousie et le ayin raa. En effet, le Maarcha note que lorsque la guemara affirme que tout le monde trébuche dans le avak lachon hara, cela ne fait référence qu’aux personnes qui ne font aucun effort pour progresser dans ce domaine . Mais si quelqu’un s’efforce de parfaire son langage en étudiant les lois liées à la médisance et en travaillant son caractère, il n’est nullement voué à dire du avak lachon hara. Ceci s’applique à toutes les mitsvot ben adam la’havéro ; si l’on œuvre de façon active et constante pour s’améliorer, alors on pourra résister aux tentatives du yétser hara.

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