Monday, July 8, 2013

Ticha BéAv – Redéfinir la Sinat ‘Hinam (Francais, French)

Ticha BéAv approchant, il convient de chercher comment s’améliorer, afin de s’assurer que cette année sera la dernière sans Beth HaMikdach. La célèbre Guemara dans Guitin concernant Kamtsa et Bar Kamtsa est très riche en enseignements sur la cause de la destruction du Beth HaMikdach et sur ce que nous devons rectifier pour qu’il soit reconstruit. La Guemara nous apprend que Yérouchalaïm fut détruite à cause de Kamtsa et Bar Kamtsa. Un homme dont le nom n’est pas divulgué était l’ennemi juré de Bar Kamtsa, mais un ami de Kamtsa. Il envoya son domestique inviter Kamtsa à un festin, mais le messager invita par erreur Bar Kamtsa. Lorsque Bar Kamtsa arriva, l’hôte, furieux, voulut qu’il s’en aille. Mal à l’aise, il proposa de payer sa part et d’avoir le droit de rester. Quand cette proposition lui fut rejetée, il fut prêt à payer la moitié du coût total du banquet, pour peu qu’on ne le mette pas à la porte, mais cela aussi lui fut refusé. Plusieurs rabbins présents restèrent silencieux durant cet incident désagréable. Indigné de cette passivité, Bar Kamtsa entreprit de médire du peuple juif devant les autorités romaines, ce qui donna lieu à de malheureux événements et pour conclure, à la destruction. Le Iyoun Yaacov zt’’l demande pourquoi Kamtsa est jugé coupable d’une partie de ces événements, alors qu’il n’a rien fait dans cette histoire . Le Ben Ich ‘Haï zt’’l propose la réponse suivante : Kamtsa était en réalité présent au festin et vit comment Bar Kamtsa fut traité. Il aurait pu éviter tout ceci en expliquant le malentendu des invitations. Il existe un principe selon lequel si quelqu’un peut protester contre un méfait, mais ne le fait pas, il est tenu pour responsable de cet acte. Le Ben Ich ‘Haï poursuit en disant que cette réponse est encore plus fascinante selon le Maarcha , qui écrit que Bar Kamtsa était le fils de Kamtsa. S’il en est ainsi, Kamtsa était certainement au courant de la mésentente entre son fils et son ami, mais n’a tout de même rien fait pour les réconcilier. À cause de cette passivité, Kamtsa est en partie coupable de la destruction du temple. D’autre part, les rabbins semblent aussi être partiellement fautifs dans ces incidents, car ils ne firent rien pour éviter l’humiliation de Bar Kamtsa. L’inaction et l’insensibilité sont donc au centre de cette histoire et furent la cause des terribles conséquences que l’on sait. Si l’une de ces personnes présentes s’était efforcée d’éviter les injustices, le Beth HaMikdach n’aurait peut-être pas été détruit. Leur indifférence devant la tragédie qui se déroulait à leurs yeux traduisait leur passivité. Le fait que l’insensibilité fut à l’origine de la destruction du Beth HaMikdach semble quelque peu contredire la Guemara dans Yoma, qui affirme que la Sinat ‘Hinam (la haine gratuite) fut la cause ultime de la destruction . En réalité, une analyse plus profonde nous indique que la sinat ‘hinam ne désigne pas seulement une haine active, profonde, mais elle inclut également l’insensibilité. Nous apprenons cela de l’une des premières fois où la racine du mot Sina (haine) apparaît dans la Thora : dans la Parachat Vayétsé, après le mariage de Yaacov avec Ra’hel et Léa, la Thora nous dit : « Hachem vit que Léa était "senoua" (littéralement "haïe")» . Les commentateurs estiment qu’il est difficile de comprendre que Yaacov haïssait réellement Léa. Le Ramban explique qu’en réalité, quand un homme est marié à deux femmes, celle qu’il aime le moins s’appelle senoua – il ne la déteste pas, mais il l’aime moins que sa favorite. Ainsi, affirme le Ramban, Yaacov ne haïssait pas Léa ; c’est plutôt que son amour pour elle était moindre. Nous en déduisons que le mot Sina ne signifie pas forcément une haine active et viscérale, mais il peut indiquer un manque d’amour et d’attention. Donc, la sinat ‘hinam dont il est question dans la guemara de Yoma n’était pas nécessairement une haine virulente ; elle peut aussi avoir été une insensibilité et un manque de préoccupation à l’égard d’autrui. Dans le même ordre d’idées, Rav Yehonathan Eibeshitz zt’’l, écrit que la sinat ‘hinam décrite dans la Guemara ne se réfère pas à une haine active, mais à un désintéressement devant le fait que les autres ne tombent dans l’hérésie. Il note que de nombreuses sectes hérétiques se sont développées à cette période , et ce, parce que les gens ne voulaient pas émettre de réprimandes. Il s’exclame : « Existe-t-il quelqu’un de plus haineux que celui qui voit son ami se noyer dans une rivière [de fautes] et qui ne réagit pas ?!» Sur la base de cette définition de la sina, il est clair qu’il n’y a pas de contradiction entre l’histoire de Kamtsa et Bar Kamtsa et la Guemara dans Yoma. La sinat ‘hinam dont on parle dans Yoma n’implique pas seulement la haine active et farouche , mais inclut également l’insensibilité vis-à-vis de la souffrance d’autrui et le refus de l’aider à s’élever spirituellement. Le fait que le Beth HaMikdach ne soit toujours pas reconstruit montre que ces failles sont encore très courantes de nos jours et qu’elles touchent de nombreux domaines de nos vies, comme partager la souffrance de l’autre, tenter d’aider les personnes moins chanceuses que nous, rapprocher ceux qui sont éloignés de la Thora. Nous vivons une période propice à l’amélioration de nos performances dans ces domaines et à l’amélioration de notre comportement d’une quelconque façon. Que Tiché BéAv soit le dernier jeûne et le dernier deuil que nous ayons eu à subir

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