Wednesday, November 27, 2013

Parachat Mikets – Servir l’homme ou D.

La paracha débute par l’interprétation des rêves de Pharaon par Yossef et l’ascension de celui-ci au pouvoir. En analysant de plus près le dialogue entre Pharaon et Yossef, nous pouvons détecter des différences fondamentales dans leurs hachkafot (façon de penser). Pharaon était un idolâtre, qui comme tous les autres égyptiens, adorait le Nil en particulier, car ce dernier représentait leur principale source de subsistance. Lors de la description de ses rêves, Pharaon raconte qu’il était « debout au-dessus du fleuve ». On peut comprendre que ce verset nous indique l’endroit où se trouvait Pharaon par rapport au Nil. Cependant, le midrach affirme que cela témoigne de son attitude vis-à-vis de son dieu – le passouk insiste sur le fait qu’il se tenait au-dessus du Nil, en position de supériorité ; tel n’est pas le respect dû à une divinité. Le respect que Pharaon portait au Nil n’était pas dans l’intérêt du fleuve, mais pour son propre profit — il avait besoin du Nil et cherchait à l’apaiser par sa vénération, mais en réalité, c’est le Nil qui était à son service et non l’inverse . Cette attitude des Egyptiens vis-à-vis de leur dieu est encore plus manifeste dans le comportement d’un autre Pharaon, celui qui vivait à l’époque de Moché Rabbénou. Il avait pour habitude de se rendre au fleuve tôt le matin et d’y faire ses besoins , ce qui n’est certainement pas un signe de respect envers sa divinité ! De plus, ‘Hazal (nos Sages) nous informent, qu’il croyait avoir lui-même créé le Nil ! Nous en déduisons que le service des Égyptiens pour leur dieu provenait du désir d’en retirer ce dont ils avaient besoin – le Nil était en réalité à leur service. Le comportement de Pharaon détonne grandement avec celui de Yossef HaTsadik. Ce dernier montre une soumission extraordinaire à D. dans sa réponse à Pharaon qui demande l’interprétation de ses rêves. Il commence par ces mots : « Cela me dépasse, c’est Hachem qui saura tranquilliser Pharaon ». Chaque année, nous lisons ce passouk sans vraiment y prêter attention, mais en y réfléchissant un peu, nous saisissons l’ampleur des paroles de Yossef ; il a vécu un enfer, emprisonné pendant douze ans. À présent, il a une opportunité exceptionnelle d’être libéré s’il parvient à apaiser Pharaon. Il connait son arrogance inégalée, sait qu’il ne croit pas en D., et qu’il estime être une divinité lui-même. Mettons-nous à la place de Yossef, que ferions-nous dans de telles circonstances ? Yossef pourrait penser que le moment de tout attribuer à D. n’est pas opportun et qu’il a tout intérêt à vanter ses talents autant que possible. Pourtant, il n’hésite pas à faire dépendre toutes ses capacités de D. C’est un témoignage remarquable d’obédience et d’humilité, qui contraste vivement avec l’orgueil et l’irrespect de Pharaon vis-à-vis de son dieu. Yossef a hérité cette mida (qualité) de soumission à D. d’Avraham Avinou. Tandis que Pharaon se tenait au-dessus de son dieu, Hachem dit à Avraham : « Marche devant Moi ». On nous indique à cet endroit qu’Avraham se plaçait sous la protection de D. et non au-dessus de Lui. Cela fait allusion au fait qu’Avraham ne servait pas D. par motivation égoïste d’obtenir ce qu’il désirait, mais plutôt qu’il négligeait ses propres désirs afin d’accomplir la volonté divine. Voilà pourquoi il suivit les instructions d’Hachem quand bien même il n’en comprenait pas le sens, au point que lorsqu’il reçut l’ordre de sacrifier son fils, il obtempéra sans hésiter. Cette dichotomie dans leurs hachkafot (conceptions) est une caractéristique importante du fossé existant entre les valeurs juives et celles de l’empire grec. Les Grecs adoraient plusieurs dieux, mais l’idolâtrie n’était pas le point central de leur idéologie. Ils insistaient plus sur la perfection de l’humanité – ils croyaient en un monde centré sur l’homme, dans lequel le but des dieux était d’assouvir les désirs de l’homme. De nombreux Grecs, y compris Aristote, pensaient que la Terre était le centre de l’univers, indiquant la supériorité de l’humanité. Ils mettaient en valeur la beauté du corps humain et la suprématie de l’intelligence humaine sur toute autre forme de sagesse. Leur philosophie s’opposait ouvertement à la Thora – ils considéraient le judaïsme comme l’antithèse de leurs croyances, parce que celui-ci souligne sans détours l’imperfection de l’homme, et l’appelle à la soumission vis-à-vis de D. Nous comprenons à présent la raison de l’interdiction qu’ils imposèrent au peuple juif de pratiquer la Brit Mila (circoncision) et d’étudier la Thora : la Brit Mila implique une imperfection dans le corps humain, et appelle à canaliser la matérialité vers un but élevé ; or les Grecs estimaient que l’homme est parfait depuis sa naissance et ne peut pas se parfaire davantage – le fait de retirer une partie de son corps étant à leurs yeux, un acte destructif. L’étude de la Thora engage l’homme à s’exercer à comprendre comment D. voit le monde, et à apprendre à le considérer de la même manière. Quant aux Grecs, ils pensaient que l’intelligence humaine était la plus haute forme de sagesse, ne devant se soumettre à nulle autre. La bataille de Hanouka est un conflit entre ces deux idéologies – l’une plaçant D. au centre et l’autre y déposant l’homme. Baroukh Hachem, nous avons gagné la guerre. Cependant, les croyances grecques continuent de nous attaquer, de nos jours encore. Le monde occidental est très influencé par les « Lumières » : aux XVIIe et XVIIIe siècles, il y eut une très forte réaction contre la suprématie du Christianisme, l’un des aspects principaux de cette révolution étant le rejet de concepts tels que la foi et les croyances déformées par les chrétiens. Cela eut pour conséquence, la redécouverte et glorification des valeurs grecques, dont la principale consiste en la suprématie de l’être humain et sa capacité à tout comprendre. Les « Lumières » nous ont légué l’arrogance de l’homme contemporain, qui se croit capable de résoudre seul les problèmes du monde entier, de guérir toutes les maladies, et de faire la paix entre les nations, etc. Imbu de sa personne, il rejette tout ce qu’il ne comprend ou ne peut pas voir, entre autres choses, la métaphysique. La société occidentale l’incite à considérer tout concept religieux comme obsolète et primitif. Malheureusement, les Juifs pratiquants sont confrontés eux-aussi au monde occidental et peuvent être affectés par ses valeurs. Hanouka, c’est l’occasion de procéder à une sérieuse introspection pour déceler les domaines dans lesquels les conceptions grecques se sont infiltrées dans notre façon de penser. Quand nous ne comprenons pas un évènement, nous disons « gam zou letova » (c’est pour le bien), mais n’avons-nous vraiment aucun doute – un sentiment quelconque que ce qui vient d’arriver n’est pas logique ? Quand nous étudions des concepts de Thora ou des halakhot (lois) qui nous paraissent incohérents, admettons-nous que tout n’est pas à notre portée, ou remettons-nous en cause la validité de ces lois ? Avons-nous parfois le sentiment de ne pas avoir réellement besoin de D. pour réussir dans la vie ? Comment réagissons-nous quand les guedolim (les « grands », sages en Thora) disent ou font certaines choses que nous ne comprenons pas ? Toutes ces questions tournent autour du même point : est-ce que nous rejetons totalement la conception grecque, l’arrogance de l’homme et la suprématie de son intelligence, et nous acceptons de nous soumettre à D. ? Avraham Avinou marcha devant D., Yossef HaTsadik attribua tous ses pouvoirs à Hachem. La fête de Hanouka nous enseigne que c’est pour un Juif, la seule manière de vivre et de réussir.

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